Monsieur PRADIER 1830, 22 rue Bourg l'Abbé Paris

Intéressant !
L'acier qu'il utilisait était donc un acier toulousain et non allemand: les deux lames dont je dispose qui viennent de chez lui ont en effet un acier assez différent de celui dont on a coutume de trouver sur les lames françaises de cette époque, il est plus tendre (différence constatée à l'affutage comme au rasage), ce qui n'en fait pas des lames de mauvaise qualité bien au contraire elle sont excellentes !

Petite recherche rapide sur cet acier toulousain:

voici le site de nos jours

J'ai longtemps habité près des aciéries d'Imphy....

A l'époque, je ne m'intéressait pas du tout au CC...

Je vais voir si je connais encore quelqu'un là-bas pour me procurer deux ou trois lingottins d'acier produits sur place.

Je n'avais pas vu tout ça, intéressant !!!

Moi aussi j'ai fait des recherches sur Pradier sur ce site
http://www.lerasage.net/article-liste-des-brevets-d-inventions-de-rasoirs-et-d-affuteurs-depuis-1791-44654871.html
et là horreur je suis tombé sur ça :

Citation :

-Brevet d'invention rasoir à trois lames appelée rasoir-pradier N° 1812 délivré
le 30 Septembre 1819
Mr Pradier (sans schemas)

Et là, je ne sais pas vraiment pourquoi mais je pense au pire...
Invented in 1819 by Pradier... le cauchemard non ?!

1/4 de seconde plus tard, le rationnel reprend le dessus sur l'affectif et je me lance dans des recherches sur ce fameux rasoir trois lames, le site se serait t'il trompé ?

Je fais des recherches,on en parle rapidement dans des écrits, tout le monde parle du rasoir 3 lames comme si c'était normal

Intrigué, je finis par retrouver le texte de loi du brevet en question ( pas de schéma , dommage ! )

Il faudrait m'expliquer ce qu'est un secret enfin chaque chose en son temps

Et là, ça me fait sourire, je trouve ailleurs une critique du dit-brevet


Je trouve ces écrits un peu chauvins, ça m'amuse au passage.

Enfin, je lis ça ailleurs :


Avec ces texte là, je suis presque sûr d'avoir compris ce qu'ils entendaient exactement par rasoir à trois lames. Déjà il n'y aurait pas trois lames pour raser, mais une (ouf) et 2 de rechanges. Mais pourquoi parler de rasoir à trois lames et pas de rasoir à lame interchangeables ?
Une phrase de la critique du brevet que j'avais zappée me revient en mémoire : "Les manches servent eux-mêmes de boîtes aux lames" ce qui fait donc une lame au milieu + 1 de chaque côté dans la chasse, le compte est bon !

Donc je me suis dis que ça devrait ressembler à ça (enfin du moins ce que je visualise, je dessine très mal ). Je vous ai fait un petit schéma cadeau !


Cliquer sur "agrandir cette image pour mieux voir" ou "afficher taille réelle" encore plus grand

N'oubliez pas, dans le brevet, ils indiquent pourvoir le faire en écailles de tortue !
Imaginez un peu, vous verriez les lames de rechanges par transparence dans les chasses, ça pourrait être magnifique comme CC. Surtout si ces lames sont gravées.
Après, je n'en ai jamais vu. Je fais appel à vos lumières

Si j'ai l'opportunité et les moyens , je me lancerai bien dans un projet de refaire un coupe chou comme ça en écailles !
Mais bon, réalisation c'est quand même très chaud.

Enfin voilà, je me suis bien amusé. Pas encore bon au rasage au CC et je fais déjà des dessins, je ne fais pas vraiment les choses dans l'ordre

Je pense que le nombre de CC de ce genre que l'on voit (en l'occurance aucun) est révélateur du succès qui ont eu à l'époque (a priori aucun). En tout cas merci pour l'effort d'interprétation.

Je me permets de reposter une planche de Charlie, illustrant un modèle breveté en 1819 :



Ainsi que le rendu concret de ce type de rasoir, dont je possède un exemplaire :



Et le descriptif.



As-tu vu quelque part le fait que la lame ait été "en T" avec insertion dans une glissière type rail ?

J'ai lu, je ne me souviens plus de la source, que ces rasoirs ont connu brièvement l'attrait de la nouveauté à l'époque avant de retomber dans l'anonymat, la structure de ce type de rasoirs permettant le découpage des lames directement dans de la tôle d'acier, celles-ci ne possédaient pas les qualités nécessaires pour faire un bon rasoir.

(Et qu'il n'y avait qu'en Suède où des fabricants comme Joh. Engström ont réussi très tôt à démocratiser le procédé, grâce à la qualité de leur acier).

Thaeris, tu as raison ça a été la mode vers 1800-1820, mais la qualité était trop variable, du coup pas de succès, ce sont les anglais vers 1850 qui ont remis ce type de rasoir au gout du jour. Je crois que c'est le Juge Lummus qui en parle dans son article.

A Charlie : Aucun succès, tant pis ça aurait été mieux. Je suis le seul intrigué par des chasses dotées de lames ?
J'aurais bien aimé voir la tête que ça avait.

Citation :

As-tu vu quelque part le fait que la lame ait été "en T" avec insertion dans une glissière type rail ?

Non , absolument pas , c'était juste pour illustrer un système pour fixer une lame amovible ( je suis allé au plus simple ).
Un T dans un rail, plus basique c'est dur. Remarque , pour que la lame ne bouge pas, aucun jeu entre le rail et le T de la lame, difficile à réaliser
A vous lire, la qualité ne suit pas, c'est dommage, ça m'aurait amusé de voir un rasoir comme ça ( à trois lames ).
L'idée me plaît toujours, tant pis si historiquement ça n'a pas marché.
Si cet été , j'ai du temps, j'y réfléchirai plus longuement.

La qualité n'a pas suivi à l'époque, chez la majorité des coûteliers, dont apparemment beaucoup ne martelaient plus leurs lames.

Ça ne veut pas dire que des lames de qualité n'aient pas été produites à l'époque.

Pour la lame en T, je pense que concrètement c'est pas ce qu'il y a de plus simple à produire en série, car ça nécessite soit un évidement soit une soudure.

Avec le modèle "Charles" tu as juste besoin d'un crochet et d'une vis.



Un coffret + rasoir Pradier (que j'ai récupéré et cédé à Nca).

Si tu regardes bien le mode de fixation de la raquette dans la paroi du coffret, je pense que tu as une autre possibilité de piste pour l'inclusion des lames dans les chasses

Je crois qu'ils travaillaient beaucoup avec ce genre "d'attaches parisiennes" à l'époque.

Ok super merci !
Joli coffret, je pense que tu as raison ton système est plus simple
Cet été, je vais voir si je peux réaliser un tel projet ou pas, je demanderai à mon père de m'aider, il est assez bricoleur

Le 22 rue Bourg l' Abbé, est également l'adresse de l'armurerie Lepage, à priori c'est un lieu qui a été assez "mouvementé"

Et le passage écrit par Victor Hugo dans "Choses vues" : ICI -CLIC

Pradier père ?

Quelques infos à creuser en relisant Camille Pagé.



En 1814 il semble y avoir deux Pradier ; (deux magasins ou deux couteliers) ...et pas encore installé  à Rue du Bourg l'Abbée, y aurai-t-il eu une production de rasoir à ce moment là ? (Entre 1814-1819 ?)


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En 1851, il y a toujours un Pradier à Paris ; rue Saint-Denis (est-ce de la même lignée, sachant qu'il a eu des élèves qui ont continué sous leur propre nom) ; fabriquait-il des rasoirs ? ...

Pour continuer ce petit bout d'histoire avec Pradier, on peut en noter, d'après les sources existantes, qu'il semble que 3 couteliers furent connus sous le nom de Pradier à divers époques à Paris (ou autour). Sont-ils de la même famille ou non ? Mystère ...

Jean Pradier 1740s - ?
Jean Louis Aimable Pradier 1780 - ?
Michel Désiré Pradier [celui qu'on connaît bien] 1810s - 1850s ?

Pour le doyen, Jean Pradier :

Concernant Jean Louis Aimable :



et des signes de son existence vers 1811 :

Et pour Michel Désiré  une continuité jusqu'en 1851-1852 ! (40 ans quand même, possible ?)

Pour Michel Désiré à priori c' est plutôt 1819 pour le début :



Et plusieurs adresses (Bourg l' Abbé, prison de Poissy , Chaville)

Rue de Thionville c' est Jean Louis Amable : https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?udId=c1p6xkt063tv-mnft4pobkd7p&irId=FRAN_IR_041788 .

A noter également que Jean Louis Amable apparaît dans la liste du "Club des Cordelliers"  (en gros : ceux qui ont fait chuter Louis XVI) :

Un atelier de coutellerie dans une prison ! Excellente idée, faudrait le reprendre.

nca000 a écrit:

Rue de Thionville c' est Jean Louis Amable : https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?udId=c1p6xkt063tv-mnft4pobkd7p&irId=FRAN_IR_041788 .

Bien vu ! Je vais modifier mon post ci-dessus

nca000 a écrit:

A noter également que Jean Louis Amable apparaît dans la liste du "Club des Cordelliers"  (en gros : ceux qui ont fait chuter Louis XVI) :

On en apprend quand même des choses !