Je débute en octobre.
Avec une lame pas vraiment aiguisée (je n'ai pas encore reçu ma raquette) et je tiens l'arme à angle droit.
...
Du coup, je ne coupe rien, ni poil, ni peau. Si on y pense, c'est pas trop mal pour un premier contact, j'ai survécu à l'angle droit.
Je reçois la raquette et j'épluche pas mal de vidéos du CCC, découvrant que ça sert à quelque chose de vraiment les regarder du début à la fin.
Pendant trois semaines, j'expérimente gentiment. Je passe assez souvent sur le CCC. Il me faut plus d'une heure pour me raser mais les résultats sont bien meilleurs qu'avec un rasoir électrique...
Je prépare mon sac pour la Birmanie. La place est limitée, je décide de ne pas prendre mon rasoir électrique ni la mousse gillette que j'avais prévu de prendre (je cherche encore la meilleure solution pour la mousse, j'ai un savon bio qui ne mousse pas beaucoup mais qui est bien plus doux que le savon Thiers-Issard acheté au début)
En Birmanie, pas d'eau chaude. Douche froide et je commence mon premier rasage en Asie. Je tremble encore à cause de la douche, respire longuement, me concentre, et c'est parti...
Rasage laborieux. Beaucoup de points de sang et ma peau brûle longtemps après le rasage.
Après quelques essais, je ne prend plus de douche avant le rasage.
Souvent si je me coupe, cela me déconcentre et un, deux voir plus de coupures suivent. Mais petit à petit j'apprends que le sang n'appelle pas toujours le sang.
Après un mois en Birmanie, je dois passer quelques jours à Bangkok afin d'obtenir un nouveau visa.
Miracle, j'ai accès à de l'eau tiède. Je m'étais habitué à un rasage difficile à l'eau froide et j'avais complètement oublié combien il peut être doux de se raser...
De retour à Yangon (Birmanie): cette fois je fais bouillir de l'eau. Tonnerre, fini l'eau froide! Et ma technique c'est vraiment améliorée, après un moi d'eau froide, forcément j'ai quand même appris quelque chose. Plus de sang
Et c'est justement pour ça que j'ai commencé le rasage au coupe-chou, la technique. Se raser devient une discipline, peut-être même un art martial. Une affaire de maîtrise ou d'harmonie: le corps, la peau, la lame, l'esprit et le mouvement. Il s'agit de rester bien présent sinon hop une balafre!
Et j'en suis qu'au début du début...
Il y a l'objet. Un rasoir électrique n'a aucune identité. Celui qui le fabrique ne ressent aucun sens d'identité avec l'objet, ni celui qui le vend, ni celui qui l'utilise. Par dessus ça, on a ajouté une marque (avec une pseudo identité publicitaire), une prise en main ergonomique, une batterie plus efficace que la précédente,...Pour nous faire croire qu'il s'agit d'un objet de qualité. Y-a-t-il des collectionneurs de rasoir électrique?
Des gens qui se disent ce Phillips ou ce Remington, c'est Mon rasoir, ça fait vingt ans que je l'ai, j'aime la façon dont il glisse sur la peau et son doux ronronnement, complètement différent du modèle suivant que je n'aime pas trop, mais celui-là, jte dis, je l'ai démonté, remonté, réparé,lavé,...
ça ferait plaisir d'en trouver des gens comme ça mais ça m'étonnerait. Un rasoir électrique est fait à la chaîne, utilisé à la chaîne (5minutes au plus), jeté et racheté à la chaîne, pour vivre à la chaîne, attiré par l'appât du gain de notre joyeuse société capitaliste. Peut-notre notre cadre de chez Ikea découvrira-t-il lors d'un burn-out la douceur de la lame sur son poignet...
fiou, mais je m'emporte un peu. Je m'appelle Thibault, j'ai 22 ans, j'habite dans le Jura suisse ou a Amsterdam (mais je voyage pas mal..). J'utilise un coupe-chou Thiers-Issard Jaguar 6/8 (classic). Quelques fois, le rasoir de mon grand-père, retrouvé il y a peu. Je vais essayer de vous glisser une petite photo de mon matériel, rien exceptionnel mais ça me plaît bien