Cardeilhac, pour le plaisir des yeux ;)

Un nécessaire passé sur la baie et parti à plus de 500€













Et une paire vendue sur Lecurieux (le jour même où je demandais des informations complémentaires ! ^^)









Infos tirées du site Lecurieux, toujours :

Etabli en 1804, rue du Roule à Paris, Antoine-Vital Cardeilhac sera d'abord un coutelier réputé avant de devenir orfèvre.

Ce n'était pas n'importe qui !   

Magnifique   

C'est aussi mon avis !

Peut-être les plus belles lames d'époque 1820 qu'il m'ait été donné l'occasion de voir !

Quelles lignes, quelles lignes.....   

c'est la première fois que j'en vois, à l'époque c'était le top du top : or, émail etc etc

Yup, en effet, c'est drolement chouette   Le genre de choses pour lesquelles je pourrais avoir un vrai coup de coeur

Charlie : le pivot vissé, c'est "normal" ? C'est le seul truc qui me paraisse technologiquement anachronique

Non, je pense que ça fait partie du luxe, pas besoin de briser la chasse en déchassant, c'est une vis et un tube avec filetage interne, à l'époque c'était le summum du luxe !

Typiquement pour ce genre de rasoir je pourrais lâcher du "sérieux" genre 500€ (mais ils doivent être bien plus chers...)

Cela fait relativiser nos "belles" collections

Je viens de regarder : vendu   

Tu peux parler au passé, le temps que je pense à demander le prix dimanche, ils étaient vendus ^^

Mon Henckels d'exposition est également vissé au pivot, même si bon, ils ont 70 ans d'écart..

Et puis t'imagine marteler un rivet dans une telle pièce d'ivoire sculptée ?

"euh Serge, t'es sur de ton coup avec la massue là ? Tu veux pas qu'on mette un petit coup de vis plutôt ? Ca fait pas standard, je sais, mais j'ai peur que ça gueule si tu te rates d'un millimètre".

Pour le reste, peu importe le prix, franchement.
Ce qui est unique n'a pas de prix, et j'ai l'impression que beaucoup de marqueurs laissent supposer que ces rasoirs avaient en plus une forte charge émotionnelle.

Il faut juste espérer que l'acheteur saura les chérir.

c'est pas de l'ivoire mais de l'or ! Le reste est en nacre avec inclusion de médaillons en or et émail !

Il parlait du Henckels je pense

Je parlais du Henckels en effet, pour le coup de massue

Désolé pour la confusion.

Pour le reste oui, et même si j'ai déjà vu l'extraordinaire travail de minutie dont étaient capables nos ancêtres, je reste ébloui par la finesse de ces médaillons.

J'ai chiné dernièrement un couteau de poche présentant un semblable médaillon en émail.

J'aime aussi beaucoup ce type d'inclusions   

https://coupechouclub.1fr1.net/t20274-question-couteau-rivetage-lohar

Que dire devant ça, magnifique, sublime. Un régal pour les yeux, ça doit être jouissif de les avoir en main.

Il en a produit de plus modestes :

même le "modeste" je suis preneur   

Il doit dater d'après 1855, car y figure la croix de légion d'honneur obtenue par Cardeilhac lors de l'exposition universelle patronnée par Napoléon III.

Erreur car en 1834 il l'avait déjà :




En tout cas ce que tu soulignes Ferdi est une constante : même les plus prestigieuses maisons proposaient une gamme très large de CC qui avaient comme critère commun des lames fabriquées dans le même acier et trempée de la même façon, seul le travail sur la lame et la chasses faisait varier  (beaucoup) le prix !

Ainsi on retrouve les mêmes lames montée ivoires, écaille, corne ou tout simplement en os.

C'était un des arguments de vente de Pradier : la constance de sa production !

en 1855 il nous est dit qu'il excelle dans le montage, tu m'étonnes !

Pour l'expo de 1873 en Autriche

Oui mais là, on ne parle plus du fabricant de la paire de rasoirs montrée par Thaeris (Vital-Antoine Cardeilhac), mais de son fils, Armand-Edouard Cardeilhac, qui a pris la succession en 1851. 

exact !

La paire de coupe choux est somptueuse ... 500 € pour la paire me paraitrait même être un prix plus que correct ( et pourtant ça commence à chiffrer ).
L'état de conservation et la finesse sont quand même monstrueux.

c'est moi qui y aurait bien mis 500, je pense qu'ils ont été venus pour bien plus...

Vraisemblable en effet qu'ils soient partis bien plus chers. Le Curieux (Serge Davoudian) est à Biron, c'est un petit marché de St Ouen très luxueux (par temps de soleil, prévoir les lunettes, ça brille de l'or de partout), et vraisemblablement il joue dans la "cour des grands", c'est à dire les boutiques qui alimentent les musées, type Louvre des Antiquaires.

Si vous voulez, c'est plus un gars de la catéogire Jantzen (Louvre des antiquaires) ou Segas (Galerie 34 "passage Jouffroy à Paris, une de ces petites galeries luxueuses près de Richelieu-Drouot/Grévin) pour les cannes par exemple (ça vous surprend que je connaisse le marché des cannes ?).

Ce genre d'antiquaires se soucient moins du prix que de la qualité de ce qu'ils vendent, et vraisemblablement même s'ils font aussi les déballages (Jantzen me disait que ce n'était pas la peine de faire Chatoux pour les cannes par exemple, vu qu'elle y passe le premier jour, celui réservé aux professionnels), ils sont quand même en particulier sur les ventes de prestige (et pour avoir acheté en délégation à Artcurial sur les alcools, quand ça tape, ça fout des frissons).

Donc oui, vraisemblablement plus cher, mais outre la qualité, on paie l'expertise, le travail de sélection et de documentation, etc.
Etre suffisamment "éduqué" et passionné pour discuter avec ce genre de personnes est également une expérience extraordinaire, imaginez passer l'après midi à papoter avec Charlie qui vous expose sa collection et l'histoire des rasoirs.

Si vous voulez, en terme de collections, nous autre pogotonomes sommes des "petits joueurs". C'est bien, et nous l'entretenons avec des pratiques comme ne pas lancer de guerre sur ebay ou ne pas parler prix. C'est bien parce que nous favorisons le don, l'échange, le service, et que nous sommes relativement ouverts les uns aux autre.
Mais il faut en avoir conscience.

A titre de comparaison, si vous êtes spécialisés dans le publicitaire bistrophile, dans les cannes, etc, préparez le porte monnaie, 500€ c'est le ticket d'entrée.

Cela ne veut pas dire que c'est réservé à un public de friqués. Une des plus belles collections absinthe en France est détenue par un jardinier. Mais c'est un véritable investissement de temps, de travail, d'effort, de persévérance, de relations sociales, etc.
La plupart de ces collectionneurs sont un peu comme Thaeris : peu de pièces, que de l'excellence. On commence par des petits trucs, on se plante au début, on chine, on échange, on choppe trois jolies pièces pour le prix d'une et on revend l'excédent, etc. De fil en aiguille, on parvient à avoir des jolies choses.

Et c'est ce public qui est visé par ce genre de spécialistes. Très généralement, vendre une pièce somptueuse à quelqu'un qui n'a rien d'autre que l'argent pour se la payer, ils le font pour payer les factures, mais ça leur arrache le coeur.

Ils vivent leur passion.

Jantzen participe aussi souvent que possible à CaneMania, la conférence internationale des collectionneurs de canne, Davoudian est membre de plusieurs associations dédiées à l'éventail, Patrick Roussel et Marie Claude Delahaye (conservatrice du musée de l'absinthe, elle a créé la communauté des artémisophiles (le nom lui est du) avant internet via une Gazette de collection et le bon vieux système du courrier/téléphone) sont tous les ans aux Absinthiades à Pontarlier, j'ai vu personnellement les frères Hayat (marché Malassis, à St Ouen, un autre marché de prestige) faire une master class à des étudiants en histoire de l'art, etc.

Tous ces gens vendent en général "cher" (pour ceux qui vendent, désolé Marie-Claude si je t'ai mêlé à ça, je sais que tu surveilles internet, j'en profite pour te faire une grosse bise et je suis désolé de ne plus pouvoir passer te voir), parce que le prix n'a finalement pas tant d'importance que ça à leurs yeux, contrairement à ce qu'on pourrait croire.

Fin de la parenthèse sur le prix et le vendeur

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Sur les Cardeilhac du haut du post : c'est moi, ou la croix de la légion d'honneur se trouve déjà sur cette paire, mais estompée ?

Citation :

c'est moi qui y aurait bien mis 500, je pense qu'ils ont été venus pour bien plus...

C'est bien ce que j'avais compris   

Citation :

Etre suffisamment "éduqué" et passionné pour discuter avec ce genre de personnes est également une expérience extraordinaire, imaginez passer l'après midi à papoter avec Charlie qui vous expose sa collection et l'histoire des rasoirs.

De rasoirs et de montres je dirais même. Ca demande un certain niveau quand même pour suivre ( du côté montre je n'y connais rien ).

Et puis l'art n'est de toute façon pas tant un consommable qu'un investissement dans du patrimoine, que nous pouvons nous estimer heureux d'avoir la chance de tenir entre nos mains.