Bonjour,
Après deux ans d’une passion qui ne cesse de se développer, j’ai eu besoin de faire un premier bilan et de le partager avec les membres du forum.
Au départ une lame avec un peu de dorure ou une châsse un peu décorée suffisait à déclencher chez moi l’envie de la posséder. Je précise pour ceux qui n’ont pas lu ma présentation que je n’avais pas d’autre ambition que de me monter une collection. Le démon du SAC me possédait !
Comme la majorité d’entre nous j’ai couru les VG, parcouru la baie et les petits coins, me suis introduit dans le monde des ventes aux enchères et j’ai lu et même dévoré les sujets du forum. Je suis comme ça, avant de m’exprimer j’ai besoin de connaître mon sujet.
Et puis peu à peu mes goûts ont changé, le wedge s’est imposé. je crois que c'est mon âme de collectionneur qui arrive à deviner la main de l’artisan qui l’a façonné. J’aime leurs petites imperfections, les noms parfois des différents propriétaires, certains qui ne sont que des initiales ou d’autres aux élégantes écritures tous ces détails que je retrouve sur ces vieux CC.
Un an après j’en possédais une centaine dont la moitié ne présentait plus un grand intérêt, mais peu importe ils sont la pour me rappeler que la quantité ne fait pas la qualité.
Un jour j’ai acheté une jolie lame portant la marque d’un coutelier de Lille, l’annonce disait « CC restauré » . Je suis de Lille, en bon collectionneur je me devais de l’avoir. La lame était belle et tenait ses promesses mais les chasses en bois n’étaient qu'un immonde bricolage.
Ce fut ma première restauration. Depuis j’ai tâté de la corne et puis l’os. J’ai fabriqué mes propres rondelles, mes espaceurs et mes clous en argent. Bref, je crois que beaucoup sont passés par là.
Des photos me direz-vous ? Chaque chose en son temps vous répondrai-je.
J’ai eu la chance de rencontrer un jour un affûteur industriel qui partage la même passion que nous pour le CC, il m’ à montré sa collection modeste mais parfaitement entretenue et sa rotation dont la moitié provenait de son grand père.
Moi, pour ceux qui s’en souviennent, l’idée seule de me passer une lame affûtée sur la peau me déclenche des tremblements irrépressibles alors me raser au CC c’est pas demain la veille.
Sauf que, suite à une enchère à l’aveugle je suis devenu propriétaire d’une dizaine de CC dont quatre identiques emballés à part. Quand j’ai ouvert la boite, une odeur incroyable d’une délicatesse et d’une suavité connue à déclenchée chez moi une vague de sentiments , mélange de souvenirs de mon enfance, mon père devant son miroir maniant son rasoir et vision de leur ancien propriétaire les utilisants. Ce fut un choc. Ces CC parfaitement affilés et imprégnés de ce parfum …
L’idée était là et faisait tranquillement son chemin, il fallait que j’essaye. Ce fut chose faite dès que mon rémouleur les eût désinfectés et passés au cuir. Mon matériel de base, blaireau et mousse, achetés à la hâte (maison du barbier) se montrèrent finalement à la hauteur.
Que dire ? Ce fut un grand moment, et même si je n’obtins pas la perfection ( il y a des gestes impossibles à reproduire la première fois) j’ai persisté jusqu'à découvrir récemment ce qui se cache derrière le charme du rasage à l’ancienne.
Quand je ferme la porte de la salle de bain, le monde s’arrête de tourner, j’entame un rituel ou le stress et les problèmes n’ont pas leur place. l’eau chaude et la mousse qui monte, mon esprit concentré sur mes gestes, les mêmes que les votres. Ce moment m’appartient, il nous appartient et nous en avons si peu.