- Karim a écrit:
- merci alunni
donc mi2 j'ai nettoyer la soie pour savoir la marque du rasoir et c'est Lanne à Paris rue du temple 2 Quelqu'un connaît cette marque .
Pour autant que je sache, LANNE est un ancien contremaître de Pradier avec qui il a été en procès en 1830. Il était installé au 42 (devenu par la suite 120) rue du temple à PARIS .
Un petit article le concernant :
Au nom du comité des arts chimiques, sur les Rasoirs Confectionnés Avec Des Aciers Français; par M. Lanne, fabricant de coutellerie, rue du Temple, 120.
Nous nous sommes rendus, M. Levol et moi, chez M. Lanne, à l'effet de procéder à la mise en œuvre, dans la fabrication des lames de rasoirs, de plusieurs échantillons d'acier achetés par nous dans divers dépôts. Ces aciers étaient:
1° De l'acier Spiers-Castel,
2° De l'acier Jackson,
3° De l'acier Jacob Holzer,
A" De l'acier Huntsmann.
Les aciers que M. Lanne emploie ordinairement sont de deux qualités qui lui sont fournies par la maison Jackson. Avec la première, qui lui coûte 240 fr. les 100 kilog., il fait ses rasoirs fins; avec la seconde, qu'il achète au prix de 150 fr. et dont il fait une consommation triple, il confectionne les rasoirs ordinaires.
Les échantillons dont nous venons de parler ont été chauffés au charbon de bois. D'après le dire de l'ouvrier, l'acier Spiers est dur à forger; il se comporte bien sous le marteau, il se laisse limer avec facilité, mais on y remarque des veines.
L'acier Jackson est facile à travailler; il demande moins de précautions que le précédent.
L'acier Jacob Holzer a été chauffé à blanc; on y remarque des veines.
L'acier Huntsmann s'est comporté comme les deux premiers.
Sept lames de rasoirs ont été fabriquées sous nos yeux:
Deux avec l'échantillon Jackson (français),
Deux — — Holzer —
Deux — — Spiers (anglais).
Une — — Huntsmann —
Des renseignements que nous avons pris pendant le travail, il résulte:
1° Que 1 kilogramme d'acier peut fournir 16 à 18 lames de rasoirs, c'est-à-dire que ces lames pèsent chacune 55 à 65 grammes;
2° Qu'un habile ouvrier peut forger 6 à 7 douzaines de rasoirs par jour et gagner un salaire qui peut s'élever à 8 francs.
Les opérations auxquelles nous avons assisté sont:
Le Forgeage, par lequel on donne au métal chauffé la forme qu'il doit avoir;
L'enlevage, qui consiste à séparer de la barre d'acier la partie du métal qui vient d'être forgée;
L'étirage Du Dos, opération qu'on fait subir à l'acier à l'aide de la panne du bout aplati du marteau;
L'élargissement De La Lame, qui consiste à faire le tranchant de la lame par le forgeage;
La Façon Du Talon, qui est le travail de la partie de la lame où le rivet doit être placé;
La Façon De La Queue, qui convertit l'acier en une partie effilée terminant la lame;
Le Rabattage, qui est l'une des façons données sur l'enclume à l'aide de la forge et du marteau.
Cela fait, on procéda à l'ajustage, au limage, au perçage, au taillage, à la marque et au dressage. Par ces opérations, la lame du rasoir est percée pour laisser passer le clou qui doit fixer la châsse; elle reçoit les entailles qui lui donnent sur un certain point l'apparence d'une lime ; puis on lui donne la marque soit du fabricant, soit du marchand auquel on doit livrer, soit même la marque anglaise imposée au fabricant. Enfin on opère le dressage avec un tourne-à-gauche, afin de mettre en regard et d'une manière exacte la lime et le talon.
Ces opérations ne sont pas les dernières; il y a maintenant celles de la trempe et du recuit. Ainsi, la forge étant chauffée au charbon de bois, on y porte la lame au rouge-cerise, puis on l'agile dans l'eau, on la met dans le sable chaud jusqu'à ce qu'elle ait acquis une couleur jaune-paille, et enfin on la laisse refroidir dans l'eau.
Après la trempe, on procède au dressage, qui se fait sur un tas d'acier avec un marteau à panne triangulaire, en prenant les précautions nécessaires. Ensuite on donne le blanchissage à l'aide d'une meule de grès bien dressée. La lame devant être creuse dans le milieu, on lui fait prendre cette forme avec une meule immergée dans l'eau , et qui est d'un grès plus fin que la première. Cette meule a une hauteur de 16 centimètres environ; elle sert à faire le tranchant.
Le premier repassage terminé, la lame est passée sur une meule de bois recouverte d'une peau de buffle enduite d'émeri sable à la colle. Une autre meule couverte aussi de buffle et arrosée d'huile sert à adoucir le dos du rasoir.
Après avoir subi toutes ces opérations, la lame n'est pas encore arrivée au degré convenable de perfection; il faut qu'elle perde les traces de frottement que lui ont laissées les premières meules. On lui fait donc subir un polissage en faisant d'abord successivement usage de nouvelles meules de bois recouvertes d'une peau de buffle qu'on enduit d'une poudre d'émeri extrêmement ténue et sur laquelle on verse de l'huile, puis en dernier ressort en la passant sur un polissoir en noyer recouvert d'une peau enduite de rouge à polir.
Enfin on procède au montage, c'est-à-dire qu'on assemble la lame avec le manche que l'on fixe par un clou rivé, puis on affile sur la pierre de Belgique, on passe au cuir, et la lame est définitivement prête à être livrée au commerce.
Les rasoirs faits devant nous ont été essayés par M. Levol et moi chacun de notre côté; nous en avons aussi donné à l'essai, et, pour ne pas être influencés par la provenance des aciers, nous avions eu le soin de faire dissimuler la marque dans la châsse. Voici le résultat de ces expériences qui ont été les mêmes de part et d'autre.
Des deux rasoirs fabriqués avec l'acier Jackson, l'un est très-doux, l'autre l'est moins.
L'acier Holzer a donné un rasoir excellent et un autre un peu dur.
L'acier Spiers s'est comporté de même.
Enfin l'acier Huntsmann a fourni un rasoir très-doux.
Après avoir consulté le dossier remis à la Société par M. Lanne, et dans lequel nous n'avons trouvé que des marques de satisfaction au nombre desquelles il faut compter celles de l'Empereur, qui a accordé au fabricant une médaille d'argent, nous avons cru devoir consulter les livres de vente afin de juger de l'état de prospérité de la fabrique.
Des recherches et relevés faits par nous il ressort que M. Lanne a vendu:
En 1851, 5,000 douzaines de pièces de coutellerie d'une valeur de 70,000 fr.
En 1852, 8,000 douzaines représentant une somme de. . 90,000
Parmi les articles vendus, il y a bien d'autres objets que des rasoirs, tels que des ciseaux, couteaux, etc.; mais le nombre des rasoirs s'est élevé progressivement de 4,500 à 5,000, 6,000 et 8,000 douzaines.
Des essais qui ont été faits et des documents qui nous ont été communiqués, il résulte qu'on peut, aussi bien avec les aciers français qu'avec les aciers anglais, obtenir des rasoirs de bonne qualité, convenables pour toutes les barbes et d'un prix peu élevé.
Ces faits se trouvent, du reste, déjà consignés 1° dans le rapport du jury central sur les produits de l'industrie (1827, page 264); 2° dans le Bulletin de la Société, qui a donné des témoignages du haut intérêt attaché par elle à la fabrication de l'acier en France; 3° dans les rapports des jurys des diverses expositions; 4° dans les comptes rendus des séances du conseil général de l'agriculture, des manufactures et du commerce.
Faisons cependant remarquer que, si la France a amélioré sa fabrication d'acier, elle ne lutte avantageusement avec l'Angleterre que parce qu'elle emploie, comme elle, les fers de Suède.
En présence de la bonne direction donnée par M. Lanne à sa fabrique et de l'augmentation graduelle à laquelle sa production est parvenue, nous avons l'honneur de vous proposer, Messieurs, de remercier M. Lanne de ses intéressantes communications et d'insérer un extrait du présent rapport dans le Bulletin.
Signé A. Chevallier, rapporteur. Approuvé en séance, le 18 avril 1855.