Le grit évolutif des pierres naturelles

Pour toutes les pierres naturelles le grit est seulement une estimation. Je me demande ce qui fait varier par exemple celui du coticule de 5K à 8K.   Serait-ce dû au fait qu'au fur et à mesure des dilutions les grenats libérés sur la surfaces de la pierre sont écrasés uniformément par le fil de la lame et rendus ainsi plus fin ! Je ne suis pas sûr puisqu’on termine à l’eau, sans boue et que là on est au plus fin. C’est pourtant la seule explication logique que je trouve, si vous avez une autre explication je suis curieux.  

Il me semble avoir lu quelque part qu'avec la boue, les grenats sont libererés entièrement et libres de mouvement, et qu'ainsi, ils "entrent" dans l'acier plus profondément alors que sans la boue ils affleurent juste la pierre et se contentent de polir plus superficiellement le métal.
Je crois que c'était expliqué dans la description de la méthode dilucot ou unicot.

Je pense que comme lorsque l'on gâche du béton, plus tu met d'eau plus c'est liquide et donc moins rugueux.

Ainsi avec une boue épaisse tu as plus de grenat rendant la pierre plus abrasive.

Plus tu dilue cette boue plus la proportion de liquide est importante la rend moins abrasive.
Et ainsi de suite jusqu'à finir sur une surface exempte de grenat bien lisse et plane.

Pendant le travail, les grenats ne s'écrasent pas mais tombent certainement de la pierre sur les extérieurs de celle ci.

J'ai constaté que la boue additionnée à du savon prolonge le cycle de travail sur la pierre (le savon retient les grenats plus longtemps) et donne un rendu plus doux.

Oui mais si tu mets du gravier dans le béton et que tu rajoutes de l’eau c’est pas pour ça que les graviers se transforment en sable. Le grit grossier du gravier reste le même

Ça c'est ben vrai...

Si je me souviens bien de la présentation de Bart et de ce que j'ai lu sur internet. Il ne faut pas confondre grit et vitesse.

Le grit dépend de la taille des grenats (plus ou moins uniforme dans les différentes veines de coticule) c'est la taille des griffes dans le métal.


Par contre la vitesse, combien de métal part à chaque passage de la lame, dépend de plusieurs facteurs et est très variable selon les pierres (la veine ou l'endroit dans la veine influence beaucoup):

1) la densité de grenats (leur nombre en surface) variable selon les veines. Plus il y en a, plus c'est rapide car plus il y a de griffes par passage.

2 l'usure des grenats: au plus il a griffé du métal, au plus les bords (les arrêtes) s'usent. Donc il devient de moins en moins coupant et enlève de moins en moins de matière. Il peut aussi se casser en plus petits morceaux (le grit augmente).

3) du liant: le matière qui retient les grenats (la dureté de la pierre). Plus c'est tendre, plus il y a de nouveaux grenats qui apparaissent facilement, donc plus on garde le caractère rapide de la pierre.

Avec de la boue, il y a des grenats à la surface de la pierre et dans la boue donc ça griffe plus, ça enlève plus de matière. La boue est aussi abrasive pour le liant donc de nouveaux grenats apparaissent au fur et a mesure.  En diluant, on fait apparaître moins de nouveaux grenats et les anciens s'usent de plus en plus. Résultat, on enlève de moins en moins de matière et on polit plus le fil.

En parallèle de l'enlèvement de métal, la boue abîme le fil du rasoir (les grenats cassent le tranchant), c'est le slurry dulling (émoussage par la boue en français). Donc diluer permet au fur et à mesure de polir sans abîmer le fil.

Donc en gros avec de la boue, on a l'impression d'un grit plus grossier car ça enlève rapidement de la matière comme une synthétique 3k. Par contre avec de l'eau, on polit comme une synthétique 6k.

J'espère que c'est clair  

Merci pour ces explications

+1 avec les réponses précédentes.
Ce que j'ai retenu de la conférence, j'ai écouté d'une oreille distraite et assez distante (n'étant pas un fan de coticule).
Il existe ne serait ce que pour les coticules de grande variation dans les réponses des pierres d'une veine à une autre et parfois même à l'intérieur de la même veine. Sur le site exploité par Ardennes Coticule (il excluait donc d'autres gisements plus exploités de nos jours), Bart distinguait déjà des comportements uniformes sur certaines veines (5 ou 6 différentes de mémoire) et plus changeants sur d'autres, le comportement par veine  était ensuite différent avec boue ou sans boue *...
Bref si une mesure d'un grit est possible, il n'est pas uniforme et pour ce qui est de l'affilage le comportement peut se rapprocher d'un grit ou d'un autre (chez une pierre synthétique) en fonction de l'usage...


* le tout dépendant des "grenats" mais aussi de quelques autres composants si j'ai bien compris.

Pour ma part, je n'ai pas suivi la conférence donc je ne peux pas te dire de ce côté là mais je dispose de deux coticules chez moi : achetées à des endroits différents et de qualité différentes.

A l'utilisation j'ai trouvé qu'elles étaient complètement différentes.
La première qui est petite est une selected, elle fait une boue assez fine et travaille assez vite mais en finesse.
La seconde est une normale mais de plus grande taille, la boue est très épaisse ( ça fait des monticules sur les côtés de la pierre à la fin d'une lame ) et elle travaille sur un grit assez bas. Le résultat est assez grossier et elle travaille moins vite que la petite.
D'après moi, la seconde a un grit se rapprochant de ma BBW tandis que la première se rapproche du trio gallois et pourtant les deux pierres sont des coticules.

Voilà, du coup une pierre naturelle demande un peu plus de travail ne serait ce que pour comprendre comment elle travaille et pouvoir la situer par rapport à d'autres pierres.