Un je ne sais quoi.

Je viens d'acquérir pour une somme modeste et me faire la main, un vieux tromblon near wedge, accompagné de son affuteur (mon père en avait un similaire, mais celui-ci est à rénover car dans un piètre état comme le montre la photo ci-dessous).




Le petit crochet semble indiquer une lame du XIX ième. Les chasses en bois ont bien vécu et sont très marquées, comme le nom d'un ancien propriétaire est gravé légèrement. Elles sont à changer.

La lame étonnamment semblait sans marque distinctive, mais en fait il y a une indication près du pivot, cachée par les chasses qui est apparue au démontage: "38 SARCON" ou SARGON. C'est la première fois que je vois un marquage de ce type. En connaitriez-vous la signification?





Après pas mal d'huile de coude, la lame est plus propre et apte à être remontée sur des chasses neuves (du bois peut-être, ou corne). Je ne pense pas linéariser le fil car il a la belle ondulation d'une usure mal répartie durant de nombreuses années. L'affiler correctement va être sympa à réussir (généralement, il me faut m'y prendre à plusieurs fois ).

A mon avis c'est le nom du rabatteur de lame mais je ne connais pas de "Sargon". Les plus fréquemment rencontrés sont Renaut, Michel et Lécollier.

Merci d'avoir cherché en tous cas.

C'est intéressant l'idée du rabatteur. Effectivement son nom n'est pas à mettre en avant.

Ils avaient une certaine "traçabilité" avant la mode actuelle.

Je veux bien être éduqué : c'est quoi un rabatteur de lame ? (Tant qu'on y est, si vous avez un document qui résume tous les métiers je suis preneur)

Dans tous les cas, arrêtez moi si je me trompe, mais la marque au pivot ça se faisait qu'en haute marne non ?

Beau travail en perspective.
Le "rabateur" c'est peut-être la personne qui achetait des lames chez un forgeron, pouf revendre sous son nom ?

Je lis "Besançon".
A ferdi maintenant de compulser les archives

Bien vu. J'en ai un qui trempe dans la vaseline en attendant de se refaire une beauté 

Si c'est le même fabricant, ce Besançon fabrique aussi pour les autres à l'instar de Lecollier.
Pour le reste :

J'ai tout faux !!!

Merci beaucoup d'avoir éclairé ma lanterne !

Bon Dieu.... Mais c'est bien sûr !!!     Pour Besançon.

Les rabatteurs, c'était un peu intuitif, mais pas assez pour que ce soit clair.

Beau jeu à deux voix. Merci pour cette enquête aboutie.

Je ne peux qu'être admiratif car j'étais dans les choux. Mais pourquoi placer l'info au dessus du pivot, donc invisible une fois les chasses montées? Pour laisser le revendeur frapper sa marque?

Je viens de remettre un coup de polissage sur cette lame méritante pour avoir passé le siècle en restant opérationnelle avec un fil bien ondulé. Amusant, non?



Au total, le plaisir du rasage est considérablement accru par la connaissance des origines et de la vie de la lame. Cela impose le respect de l'objet.

Si nous aussi on pouvait nous passer un coup de polissage pour nous faire passer le.... Siècle !!!

"en restant opérationnel"of course
Sinon, ledit Besançon est cité dans cet article  de 1866 du Moniteur_de_l'Exposition_universelle :

"Dans les différents articles que nous publions sous la rubrique: L’Exposition et les Départements, nous nous efforçons de donner à nos lecteurs un aperçu succinct des industries particulières à chacune des circonscriptions de l'Empire. Mais cet exposé, qu'il nous est indispensable d'esquisser à grands traits sous peine d'être entraîné au delà des bornes qui nous sont imposées par la nature même du sujet que nous traitons, ne suffirait pas toujours; aussi nous sommes-nous réservé la faculté de revenir parfois sur certaines industries qui, par les développements qu’elles ont prises, ou la qualité exceptionnelle de leurs produits, méritent que nous les soumettions à un examen détaillé. Nous avons déjà signalé, dans un article relatif à la Haute-Marne, le rang que la coutellerie occupe parmi les industries du pays; de nouveaux renseignements puisés aux meilleures sources nous permettent aujourd'hui d'entrer dans plus de défaits, qui compléteront ceux que nous avons déjà fournis à ce sujet. Nous pouvons de celle façon réparer quelques omissions involontaires et replacer dans le rang qu'elles ont légitimement acquis des maisons importantes que nous n'avons pas mentionnées dans notre précédent article.
Jusque vers le milieu du dix-septième siècle, Langres était la seule ville connue dans la Haute-Marne pour sa fabrique de couteaux. Depuis cette époque, le centre de la fabrication s'est déplacé, et a gagné Nogent; il ne reste plus aujourd'hui dans le chef-lieu du département que quelques fabricants parmi lesquels nous devons citer en première ligne MM. Guerre et Humblot, successeurs de M. Guerre qui, en 1855, ainsi que nous l'avons déjà dit, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur pour le mérite de ses nombreuses expositions et les perfectionnements qu'il a apportés à ce genre d'industrie, et deux maisons considérables pour la vente sur place et l'expédition en France et à l'étranger: ce sont celles de MM. Béligné et Pingenet, dont les approvisionnements se font à Nogent, où ils ont un comptoir d'achats. C'est donc cette dernière ville qui est devenue depuis deux cents ans le centre industriel et commercial pour la fabrication des articles de coutellerie. C'est là qu'aujourd'hui viennent s'approvisionner les marchands en détail et que nous devons trouver les maisons qui ont fait faire à cette industrie des pas rapides dans la voie du progrès. Aujourd'hui, en effet, grâce aux efforts incessants des producteurs et des ouvriers, la coutellerie line de Nogent est recherchée en France et soutient avec avantage, sur les principaux marchés de la Suisse, de l’Italie, de l'Espagne, de la Belgique et de l'Amérique, la comparaison avec les articles similaires expédiés par les fabriques de Sheffield, restées si longtemps sans rivales. Pour les articles de luxe, elle l'emporte même sur la coutellerie anglaise autant par le bon goût de ses modèles que par le fini de son exécution. Les fabriques les plus importantes de Nogent, toutes mues par l'eau et la vapeur, destinée avenir en aide à la force hydraulique insuffisante dans les basses eaux, sont celles de MM. Vitry frères, pour les ciseaux et les instruments de chirurgie, récompensés en 1855 par 2 médailles, et dont la maison de vente à Paris est située boulevard Sébastopol, 106;  Thuillier, pour les sécateurs et les ciseaux de tailleurs, médaillé aux Expositions de Paris 1855 et de Londres 1862; Charles Girard, pour les tranchets, couteaux de cuisine et de boucherie; Sommelet et Wichard, pour les ciseaux estampés; Malaingre-Staurengfiy, pour les rasoirs et ciseaux de coiffeurs; Lecollier et Besançon, pour les rasoirs; Rommetin Marius, pour les tranchets et ciseaux de tailleurs: cette maison a obtenu une médaille de2* classe à l'Exposition de 1855; Gaillier frères, pour les ciseaux de chirurgie; Charbonne, Aug. Gaillier, Sopin et Guyé frères, pour les ciseaux de toutes sortes. Le chiffre annuel des affaires peut être évalué à quatre millions de francs, réalisés par les fabricants que nous venons de nommer et les négociants suivants: MM. Renaut, Lamoureux frères, Couvreur-Walter, Renard fils, Girard (Charles), Lebœuf, Thevenot fils, Lessertois fils, Péchinet fils, Mareschal-Girard, Chauffour et Charpentier, Guillemin-Renaut, Lapreuvotte aîné, Jules Piault, Transon, Lamirelie, Foissey, Guillot, Alfred Chamarande, Thanron, Saintot, Dansec, Garnier-Girard, Chartron-Cornu, etc. La coutellerie - occupe a peu près dans la Haute-Marne six mille ouvriers, disséminés dans quatre-vingts communes du département. C'est à Nogent que chaque semaine, et principalement le dimanche, les ouvriers étrangers à la ville livrent leurs produits aux négociants. Un industriel honorable à qui nous devons une bonne partie des renseignements qu'on vient de lire, et que sa position au centre même de la fabrication de la coutellerie, met à même d'apprécier mieux que nous la valeur des efforts faits par les habitants de la Haute-Marne en vue de maintenir leur département à la place distinguée qu'il occupe en France pour l'industrie des aciers travaillés, nous apprend que cette industrie spéciale n'a pas dit son dernier mot. Selon notre correspondant, l’industrie qui a fait la réputation de Langres et celle de Nogent réclame de grandes améliorations, et si ses ressources, loin d'être épuisées, vont toujours en augmentant, elles doivent permettre au pays d'atteindre au plus haut degré de prospérité commerciale. La fabrique de Nogent tend tous les jours à se transformer, et si, comme notre honorable correspondant l'espère et comme nous l'espérons avec lui, elle adoptait comme mesures générales pour ses produits principaux, la division du travail et l'application de la marque de fabrique, elle pourrait livrer aux consommateurs des articles excellents à des prix inférieurs de 30 0/0 aux prix actuels. Ce serait là une réforme qui aurait, croyons-nous, pour résultat immédiat le développement de la consommation et par suite de la production; les fabricants et les ouvriers de la Haute-Marne ne tarderaient pas à sentir les salutaires effets de cette mesure." L. LE BIAN

Merci Ferdi pour ce beau tableau d'ensemble. Un jour il faudra que tu m'expliques comment tu cherches et trouves tes documents qui sont toujours pertinents.

Dommage que ma lame ne porte pas plus d'indication, mais elle est déjà bien située après la lecture de Lohar.

Vous m'incitez à continuer à chercher ce type de CC qui a une histoire.

C'est tellement plaisant d'essayer de retracer l'histoire d'un objet ^^

Merci à ceux qui partagent leurs connaissances !

Ferdi

Clodsabo a écrit:

Je ne peux qu'être admiratif car j'étais dans les choux.

ou plus précisément dans les Coupe chou...

Bonjour avez vous des informations sur ce coupe choux il y a uniquement un sigle ? Merci.

Demandé à mon moteur de recherche préféré, il m'a dit
404 : non trouvé

(Oui, pour la blague j'étais obligé, mais la au milieu des histoires de petites filles j'ai pas trouvé grand chose à Thiers, donc faut peut être voir ailleurs)

Aggelos a écrit:

Demandé à mon moteur de recherche préféré, il m'a dit
404 : non trouvé

(Oui, pour la blague j'étais obligé, mais la au milieu des histoires de petites filles j'ai pas trouvé grand chose à Thiers, donc faut peut être voir ailleurs)

Difficile juste avec le logo !