Des pâtes, oui, mais...

Mesdames et Messieurs, Monsieur le Président,

pour avoir récupéré quelques lames bien esquintées, je m'ai lancé comme défi de leur rendre non pas une jeunesse mais bien une place sur les étagères et autres présentoires qui illuminent ma salle d'eau comme une crêche. Me voilà habile avec les pierres, le cuir, donc pas d'inquiétude quand à l'affilage qui viendra en fin de séances ; pas de problème majeur avec le polissage des plastiques divers, voire celluloïdes, puisque je me suis adjoint les conseils éclairés d'un opticien qui a pas mal roulé sa bosse et qui en connait un rayon quant à la résurection des montures en tous genres. En revanche, et vu l'état des ferrailles que j'entasse - et je ne recule devant aucune, pourvu qu'elle ait une ligne agréable et peu commune - je commence à me poser des questions. Certes, je n'ai pas la jouissance d'une micro-billeuse ni d'un touret sur lequel adapter feutres et pâtes -des pâtes, oui mais... C'est donc avec la bénédiction de ma famille, que dis-je, de la ville toute entière qui chante mon nom sous mes fenêtres, que j'empile des papiers de verres qui vont du 600 au 2000. J'ai choisi en guise de cale à poncer de modestes bouchons de pinard, récoltés dans les estaminets qui font de l'oeil aux plus faibles habitants de ma ville, comme jadis les filles de joies souriaient aux marins - pour les plus jeunes, je rappelle que les filles de joies ne sont rien moins que des prostituées et que fumer tue.
Cette motion légale étant entendue, je m'ai mis à le travail, soutenu par John Fogerty et ses potes. Tout va bien, tout va toujours bien, sauf que, et vu les merveilles semées dans les divers posts, je dois être le seul crétin à ne pas obtenir de lame totalement vierge de toute tache. Je ne recherche pas le poli miroir, trop poli pour être honnête, et qui ne m'inspire pas ni comme objet, ni comme aboutissement d'une restauration - attention, c'est une humble expression de mes goûts et aucunement un jugement, je l'ouvrirai quand j'aurai un peu plus de maîtrise des outils et des matériaux. J'ai donc demandé conseil à quelques gars du Club dont les réponses furent prestes et exaustives comme d'habitude. J'ai également demandé conseil à des gars en contact toute la journée avec divers métaux - mais pas à des guitaristes de hard, par paresse. Parmi eux, un garagiste, véritable passionné de tout ce qui roule vite entre 1950 et 1975. Autant vous dire que je passe des plombes à l'écouter causer de ses moteurs, caisses, engrenages et autres pistons. Le gars, heureux de me rendre service m'a donc proposé quelques produits qu'on trouve généralement dans ces lieux qui fleurent bon le camboui, l'essence et dans son cas, les selleries en cuir.




Nous avons donc deux pots de pâte à roder, gros et fin, comme c'est l'usage. Nous avons également, Mesdames et Messieurs, un tube de Glanzol, à l'odeur très proche du miror, avec des grains très fins, et un tube d'Herdblank, à la même odeur mais au grains plus épais.
Mes conclusions sont les suivantes : les deux pâtes à roder sont foutrement efficaces, même s'il faut répéter l'opération. A noter qu'il en faut très peu, un infime quantité qui rapidement devient très épaisse - je l'ai appliquée avec une tige d'aluminium. Quant aux pomades, ma préférence va à la Herdblank, très efficace, appliquée au bouchon de liège. Si ce n'est qu'avec tout ce petit monde, on voit encore clairement des auréoles sombres - puisque malgré les multiples parenthèses, je vous rappelle qu'elles étaient ma bête noire - auréoles donc qui me font me poser et vous poser la question : comment virer cette cochonnerie quand on n'a pas de fer à souder?
Mesdames et Messieurs, il n'en demeure pas moins que ces produits sont très bien sans doute aurai-je eu le plaisir d'apporter de l'eau au moulin du club.
Merci de votre attention.

Aurais-tu une photo des-dites auréoles qui t'ennuient tant ?

Je plussoie le questionnement d'Esspic : qu'est-ce dont que ces auréoles noires sur tes lames, si ce n'est des traces d'oxydation cachées au fond de cavités rouillesques?
Je n'ai rien d'un expert dans le domaine, mais dans ce cas, c'est que ton procédé de traitement ou tes outils ne permettent pas d'atteindre le fond de ces cavités. J'y vois alors plusieurs solutions. Soit que tes pâtes soient insuffisantes à désoxyder ces marques du temps car pas assez abrasives, ou alors il te faudra y passer quelques soirées d'hiver, soit que la manière de les appliquer ne convient pas. Dans ce cas, tes supports d'application sont peut-être trop rigides? Alors tes mains et un chiffon de coton pourraient présenter l'avantage d'être suffisamment souple pour atteindre ces cratères. Soit encore que, simplement, ces tâches noires ne puissent être effacées qu'en passant par un ponçage intensif au papier de verre de gros grain...
Une autre question me turlupine. Si tu ne cherches pas un fini miroir, ce que d'ailleurs tu obtiendras à force de pâtes je pense, pourquoi vouloir éliminer ces imperfections? En les effaçant, tu vas obtenir une lame brillante avec des trous brillants... bheu
En résumé je vois deux solutions: tu y vas franco pour obtenir quelque chose de totalement lisse et sans aspérités, au risque de t'éloigner des caractéristiques originelles de la lame; ou tu te dis que ces traces sont un peu l'âme et l'histoire de tes lames, qu'elles leur donne un âge et inspirent le respect à la manière des rides de la peau. C'est moins de travail et c'est plus satisfaisant à mon goût.
Ou encore, je me plante et ton souci n'a rien avoir avec tout ça...

Yep les gars, désolé, je fermais le gaz.




Voilà donc le genre de cochonnerie qui reste sur mes ferrailles. C'est vrai que je m'ai mal expliqué, du moins n'ai-je pas donné le fond de ma pensée. Toutes les lames de ma rotation sont rongées et j'adore ça puisqu'à leur manière et selon le métal qui les compose, elles font toutes montre d'une couleur d'oxydation différente. C'est un peu comme mes meubles de famille - le cauchemar de mes potes à chaque déménagement - d'ailleurs je n'ai plus de potes dans ces moments-là - bien patinés, d'âges et essences différents, et chacun sa couleur, comme dirait Maxime Leforestier. Si je cherchais un peu de finesse dans mes restaurations, c'est que, limité par le matériel, je n'atteindrai pas des sommets de brillance de toute façon, mais je peux tout de même faire un petit effort - jetez un oeil sur mon Or du Rhin, même un pirate ne se mettrait pas ça sur la couenne



En outre, je ne pourrai pas tout garder et faut que je rende les ferrailles présentables si je veux destocker! A Poulpe - et à ceux que ça intéresse, faudra que je prenne le temps de poser des images de mes lames en rotation : on est plus proche d'une casse automobile que d'une salle d'eau!

Ah, j'oubliais, faites super gaffe si l'envie vous prend d'user de la pâte à roder : je ne sais pas quelle saloperie ils mettent là -dedans mais il n'y a pas que du sucre en poudre. J'ai eu la bonne idée d'essayer sur la face d'une lame quasi terminée, et elle est désormais quasi foutue!!! En frottant avec un papier plus fin, un grain composant la pâte était resté : eh ben; mon petit bonhomme, on voit bien la trace, et je me vante désormais d'avoir une sacrée vue! Si quelqu'un a une sableuse ou une forge, je suis client...vous me direz, faut peut-être pas appliquer ça avec une baguette de ferraille sur la lame

Bizarre que la pâte soit restée. J'en ai utilisé il n'y a pas si longtemps que ça et pas de soucis. Tu as essayer avec un outil électrique genre dremel pour retirer le surplus ?

Ps : la sableuse, j'en ai une à dispo.

Shaïtan a écrit:

Bizarre que la pâte soit restée. J'en ai utilisé il n'y a pas si longtemps que ça et pas de soucis. Tu as essayer avec un outil électrique genre dremel pour retirer le surplus ?

Ps : la sableuse, j'en ai une à dispo.

Ce n'est pas la pâte qui est restée, mais un grain car visiblement j'avais mal essuyé le surplus. Cette pâte est d'ailleurs incroyable, une graisse très épaisse voire collante qu'on utilise pour roder les soupapes de bagnoles - donc métal contre métal, d'où une baguette d'alu pour l'appliquer -belle connerie!
Quelle marque as-tu pris et quel grade? Souvent elles sont vendues par deux, un grain costaud et l'autre plsu fin pour la finition - qui gratte encore bien. En outre, tout le monde dans le club parle de pâtes diamantées, des machins de chez Puma avec plein de couleurs pour les gosses, mais je n'ai trouvé aucun lien, pas même sur la toile, sauf une pâte en seringue pour les gars de la NASA -vu la présentation, c'est l'idée que ça donne!
Tant pis pour moi, je continuerai à me raser à la truelle, finition plâtre, et les gosses me jetteront des pierres à la sortie de l'école! je suis foutu les gars :|

Avec la sableuse, tu me mets une corde, un bidon de fuel et un 6.35, le tout dans du papier -bulle, STP