- Citation :
- J'aimearais bien avoir l’avis de Lanzhu et d’autres car presque tous les gamins on pratiqué un art martial et se souviendront de certaines choses.
En fait je pratique toujours. Je suis pratiquant en Wing Chun ou Yong Chun (gong fu du sud) et en Tai Ji Quan.
Je te rejoins dans le fait que lorsque tu as bien acquis ton plan de rasage tu te peux laisser-aller au ressenti. C'est exactement comme la pratique d'un kata.
Au début dans la phase d'apprentissage, ton cerveau gauche est fortement sollicité pour l'analyse, la mémorisation et l'intégration des mouvements.
Mais une fois le kata intégré dans le corps, le cerveau droit se met en berne et le cerveau gauche va se réveiller et c'est la phase que j'aime beaucoup.
On peut alros prendre un réel plaisir méditatif à exécuter les mouvements uniquement en les ressentant.
Le ressenti devient alors la clé de la bonne exécution du kata. Il est directement lié à la maîtrise de l'attention. Et comme on sait dans les pratiques internes que là où l’on porte son attention, on mobilise l'énergie vitale, la pratique devient un cercle vertueux qui nourrit le corps et l'esprit.
En fait, j'ai toujours associé le rasage au coupe-chou à une sorte de pratique méditative. Déjà les objets sont épurés et en général sobres et beaux.
L'odeur des savons a tendance à créer une ambiance qui repose l'esprit tout en égayant les sens.
Si son plan de rasage est parfaitement intégré, comme un kata, on peut vraiment se laisser au plaisir de ressentir. De plus en plus quand je me rase j'essaie de sentir la lame caresser la peau plutôt que couper le poil.
Et le fait que la lame enlève la blancheur de la mousse et révèle une peau douce et nette donne une dimension esthétique que j'essaie aussi de cultiver en faisant des gestes les plus propres possible.
Ce qui est intéressant c'est le fait qu'on a dans les pattes un objet très coupant, dangereux et qu'il oblige par définition à mobiliser et maîtriser son attention.
Plus qu'un lâcher-prise (expression occidentale qui à mes yeux occasionne beaucoup de confusion et de contre sens), c'est la mobilisation de l’attention en un point unique qui me paraît intéressante.
On peut imaginer rassembler toutes ses particules d'attention éparses dans l'acte de raser et dans le ressenti qu'on éprouve alors.
En gros au début on est dans ses peurs, dans sa maladresse, dans ses essais et nombreux échecs et le coupe-chou tel un maître nous rappelle toujours à l'ordre dès que son attention se dirige ailleurs et qu'on perd le ressenti.
Puis un jour ça fait tilt.
On ne pense plus, tout est caresse, plaisir, gestes maîtrisés et le temps d'un rasage devient une petite méditation quotidienne, une oasis de bonheur dans ce monde qui nous conditionne chaque jour un peu plus.
Voilà en résumé mon ressenti (très subjectif) en tant que pratiquant d'arts martiaux ;-)
- Citation :
- Bruce Lee le decrit bien a travers son concept de Wu Wei
Une petite remarque là.
Wu Wei est un concept fondamental appartenant au courant taoïste de la pensée chinoise et Bruce Lee ne fait que le reprendre.
Wu Wei composé de l'idéogramme 无 (wu) : le rien, le vide le fait de ne pas avoir et de l'idéogramme 为 (wei) : être, devenir, accomplir.
On le traduit souvent maladroitement par le principe du non-agissement.
Mais en fait dans la doctrine taoïste c'est plus un principe d'agissement au moment opportun. Savoir quand il faut agir et quand il faut se retenir afin de produire le meilleur résultat avec le minimum d'effort.
Le concept est bien sûr surtout global, car l'être humain évolue dans un monde rythmé par deux principes opposés et complémentaires désignés par les termes yin et yang.
C'est en inscrivant son action dans ces principes qu'on arrive au wu wei. Il y a un temps pour l'action (yang) et un temps pour le repos (yin) sachant que l'un est conditionné par l'autre et n'existe pas sans l'autre.
En prenant l'image de l'océan et il ne sert à rien de naviguer à contre courant, il faut au contraire apprendre à les utiliser et ainsi naviguer sans effort porté par le rythme des éléments universel,..., et aboutir à l'action dans l'inaction...