L'apologie du rasoir turc 1828

un autre texte de 1840

merci Charlie, ça fait travailler l'imagination, on s'y croirait presque...

Surtout en ce moment, c'est bon de penser à autre chose ...

Le CC qui rapproche les peuples....

A. Brayer "Neuf années a Constantinople" 1836


NOTE IX, page 163. Un plaisir que je me suis procuré-maintes fois à Constantinople, c’est celui de me faire raser par les’ barbiers du pays.


Cetteo ération s’ fait d’une manière si différente de celle ue P Y _ _ q


l’on suit partout ailleurs, je fus si étonné la première fois que j'en fus témoin, que je "crois faire plaisir au lecteur en lui- en donnant la description. Comme cette industrie est libre, chaque nation à ses barbiers; et ma clientelle étant en grande partie parmi les Arméniens, c’était chez un deices derniers que je me faisais raser de ‘préférence. - ’ i _

Quand on entre dans la boutique d’un de ces barbiers, qui sont en même temps-cafetiérsfles premières choses qui frappent la vue sont des cerceaux eouverts- de serviettes qui sèchent autour d’un mangal; la petite cheminée située dans un des angles de la pièce, où brillent quelques charbons ardents; de petites cafetières, des tasses et des soucoupes; le ràtelier où sont placées les pipes à l'usage des personnes qui n’en apportent pas avec elles; des tablettes surlesquelles sont rangés des bassins, des rasoirs; enfin des miroirs ronds à manches enjolivés, ornés ‘le plus souvent de nacre de perle. ‘

Dès qu’on a-pris place sur le banc de bois qui règne à Pintérieur, le maître vous offre une pipe, se met à préparer une


tasseide café‘, et demi miuutes- après vous Poffre brûlante.


Comme personne n’est pressé à Constantinople, il est d’usage d’attendre tranquillement, quelquefois même long-temps, que le maître barbier ou son premier kaya (garçon) ait achevé de raser quelqu’un. Votre tour est-ilventt, vous prenez la place de celui qui s’en va. Vous vous trouvez alors avoir au-dessus de la tête une tige métallique fixée, par un bout dans la muraille

la suite est ici :http://books.google.fr/books?ei=_tyyUZmsDfOc0wW2hoHYCQ&dq=brayer+constantinople&jtp=429&id=6ZlMAAAAcAAJ&hl=fr

voici deux pages (sur 5...) je suis pas doué en informatique !







a noter qu'en 1836, les lames turques viennent d'allemagne !

Ça fait envie...

Café pipe et rasage tout en bavardant... Ça devait être très agréable.

Ça fait un peu penser aux pratiques des hammams pour les femmes (thé, décrassage, vapeur et bavardage).

Merci beaucoup pour ce partage qui fait voyager

Thaeris a écrit:

Café pipe et rasage tout en bavardant... Ça devait être très agréable.

Effectivement une petite pipe pendant qu’on te rase ça doit être agréable, c'est le rasage épicurien

El Bretón Andaluz a écrit:

Effectivement une petite pipe pendant qu’on te rase ça doit être agréable, c'est le rasage épicurien

C'est sûr! Mais du coup pour la conversation...

Kiss Nicolas a écrit:

El Bretón Andaluz a écrit:

Effectivement une petite pipe pendant qu’on te rase ça doit être agréable, c'est le rasage épicurien

C'est sûr! Mais du coup pour la conversation...

Quoi vous connaissez pas la blague de l'oeil de verre ?

La Turquie l'autre pays du rasage
Aujourd'hui il est toujours possible de s'y faire raser pour quelques sous.
Que du plaisir que de lire ces quelques lignes, merci Charlie.

Thaeris a écrit:

Quoi vous connaissez pas la blague de l'oeil de verre ?

Moi si. Quand je b.. à l'œil j'paye pas ! Je ne pensais pas qu’un jeune si bien éduqué connaissait ce genre d’histoire grivoise.

On a eu un prof d'histoire géo remplaçant en 4ème.

C'était un prof intéressant

Un exemple de CC turque du XIX environ, il s'agit d'un ERN à la mode orientale : les chasses font penser aux rasoirs Indiens, voir même chinois : c'est exactement le type de CC dont parles les différents extraits ci-dessus :

Alors là, ça c'est une pièce rare! Ca vaut quoi au rasage, typique des ERN?

Moyennement rare mais surtout bien usé...

il est pas à moi, mais en vente sur un site bien connu, les ERN ce sont de très bons Solingen, la maison est ancienne, elle fut fondée en 1873. Ces rasoirs sont des évidés typiques de Soligen. Les liens entre la Porte d'Or et l'Empire allemand étaient étroits alors (les turques étaient les alliés des allemands durant la WWI, souvenez vous des Dardanelles) rien de plus normal pour les barbiers turques d'adopter des CC allemands !

Auparavant les turques faisaient comme tout le monde, il se fournissaient chez les Anglais qui ont inondés le monde de leurs produits manufacturés !

Je suis surpris qu'ERN ait fabriqué ce type de lame, ça confirmerait que les allemands ont toujours su s'adapter aux demandes des marchés extérieurs. Si on ne voyait pas le nom sur la soie personne n'aurait pu en deviner le fabricant, ça m'étonnerait quand-même que ce rasoir ait les mêmes qualités que les Ern que nous connaissons.  
Est tu sûr que ce soit réellement un Ern et non une fabrication locale ayant simplement gravé le nom d'une marque réputée.  

El Ba : il a été customisé/recyclé par un turc, on voit l'ancien trou de pivot !

Sont forts ces turcs !

Customisé? Peut être que pour baisser les coûts, les turques achetaient des lames sans chasses, non? Je vois pas pourquoi sinon ils s'embêteraient a rechasser.

Les turcs ont importé leurs rasoirs au 19 siècles au début des Anglais et des français, puis vers 1870 depuis l'Allemagne.
Les rasoirs typiquement turc " ottoman " :



sont dit " Yeniçeri usturasi " rasoir de janissaire par les collectionneurs et se négocient très chers ! ils sont fabriqués avec des manches en bois précieux avec incrustations de nacre, ou en ivoire d'éléphant inscrutation or et argent.

Sous l'Empire Ottoman, les lames sont fabriqués principalement à Bursa ( Brousse ), Surmene ( Mer Noire ); Denizli ( égée) et Istanbul qui regroupe les meilleurs artisans.
Il n y a malheureusement aucune véritable source sur les fabricants en Turquie même, les fabrications étaient artisanales, les productions limitées.
Mais Bursa était le siège de coutellerie turc et on y fabriquait aussi les rasoirs.

Le rasoir Ottoman est d'inspiration persane, car les rasoirs Turc tatar, Kipçak, Kirgiz, kazak etc... d'Asie central ressemble plus à des couteaux avec un manche fixe. La plupart des canifs d'ailleurs aussi sont soit d'inspiration persanes ( Maras çakisi ) soit Caucasien ( Surmene çakisi ).
Comme pour le sabre les turcs ont abandonné pour la plupart les sabres courbes et larges ( Simsir ) pour des lames caucasiennes ( Yatagan ) fines et légères.

La corporation des couteliers était règlementée à Istanbul et les instruments de chirurgie ( car le barbier était un chirurgien, circonsciseur, dentiste ... ) soumis à des contrôles( cf Evliya Celebi, puis Cevdet Pasa ).

L'Empire Ottoman n'a pas véritablement connu la révolution industrielle et c'est une des raisons pourquoi il a été contraint d'importer de nombreux produits, dont les rasoirs qui devaient couter moins cher chez les Anglais que les petits Maitre Artisan coutelier turc ou d'autre origine de l'Empire.





L'entreprise Friedrich ERN à Solingen Wald était beaucoup tournée vers la Sublime Porte et le cimeterre comme symbole sur ces rasoirs ne sont pas un hasard. A Solingen les fabricants se disputaient d'énormes marchés sur tous les continents. Certains ont mieux réussit outre Atlantique ( Boker, Zwilling, Dovo ) d'autres sur le continent européens ( Puma, Eicker, Dorko ) ou encore d'autres sur le Moyen Orient ou l' Asie ( Ern, Tuckmar ).

ERN était du point de vue taille aussi gros que J.A Henkells. Seul problème est qu'il na pas réussit à se reconvertir après la seconde guerre mondiale et la fabrication cessa dans les années 80 je crois. Les lames étaient d'excellentes qualités.



Le rasoir coupe-choux est resté très présent en Turquie et il fait partie de la vie du quotidien, il n'a pas dispare contrairement
à ici en France ou il fait partie de l'imaginaire pour beaucoup à mesure que l'on s'éloigne des années 60-70.

Les pays du Nord " riches " ont fortement dégradé l'image de la lame, du couteaux la considérant comme étant un objet du passé voir " barbare " .
Dans les années 70-80 lorsque les rasoirs traditionnels étaient abandonnés, il devenaient l'arme favorite de la petite " racaille " pour raquetter dans le métro.

En Turquie " Ustura " c'est la propreté, l'image d'un homme bien rasé, le barbier qui va jouer de son talent sur votre visage, l'odeur d'eau de cologne etc...

Requin  

 

 

superbe condensé sur le rasoir Turc !

Merci beaucoup pour ce post super intéressant et instructif Requin !  

Merci Requin pour ces explications très intéressante.   
 D'après ce que j'ai pu lire souvent la profession de barbier est toujours florissante en Turquie et la réputation des barbiers turcs n'est plus à faire.  

Trés bien cette explication elle mériterait de figurer sur le Wiki du 3C.

En effet extrêmement intéressant !  

Quant à eux !!!    

REQUIN a écrit: