Puisqu' Alessandro m'a gentiment demandé mon avis sur cette production italienne, et que j'ai accepté, je vais vous faire mon petit compte-rendu, comme promis !
D'ailleurs, j'y pense : je dois être le premier utilisateur français pour cette lame !
Un grand MERCI à toi, Altus !
D'abord, mes impressions visuelles .
Vache, c'est gros !
Il me rappelle mon Filarmonica #13, en plus gros encore, autant dans les formes que les proportions : j'avais perdu l'habitude des pelles à tarte, il va falloir faire gaffe, à l'usage !
Les chasses donnent une bonne impression de rigidité, avec une bonne prise en main, du fait de l'épaisseur de l'ensemble, surtout.
Joli bois, avec une teinte "acajou", et un bon polissage.
Personnellement, j'aurai préféré une extrémité coté pivot moins "pointue", un peu plus large, pour avoir moins de différence avec le coté espaceur.
La lame, maintenant ...
C'est lourd, massif, robuste, et la finition est excellente : joli fini satiné, qui alterne avec des parties plus sombres (sablées ?).
Les émoutures sont superbes, parfaitement symétriques, et font apparaître un profil plutôt en demi-évidé, et les fraisages (dos de la lame, et surtout le haut du nez, superbe ...
) sont aussi parfaits : ça respire la qualité, même si on a plus l'impression de se retrouver face à un couteau, du fait des finitions "industrielles", que face à un rasoir.
Je pousse sur un des cotés de la lame, avec le pouce : aucune souplesse, c'est super rigide !
Même si il fallait s'y attendre, avec ce genre d'acier moderne, ça surprend, sur une lame de cette taille.
Le fil a l'air super fin, mais bien brillant, et très propre, régulier et bien rectiligne : le regarder dans la lumière, en le faisant "miroiter" dans la lumière est un vrai plaisir.
La gravure sur la lame est propre.
La soie parait énorme, et bien carrée : les angles sont francs, presque blessants : ils auraient mérité d'être adoucis légèrement.
Les crantages au-dessus et au-dessous de la soie sont parfaitement réalisés, presque trop : on sent la production industrielle, mécanisée.
La lame est montée avec des rondelles, plutôt épaisses, entre les chasses : rivetage propre, et bon centrage à la fermeture.
En conclusion, c'est propre, et bien fini, mais le coté "industriel" ressort beaucoup, et rappelle quand même beaucoup certains couteaux "customs" haut de gamme : j'ai presque l'impression de me retrouver avec un Sebenza ou un Bradley dans les mains !
Les afficionados du vintage ne vont pas accrocher, c'est sûr ...
Moi, je ne déteste pas.
Je vous ai fait quelques photos, histoire de "visualiser" mes impressions, mais bon, je ne suis pas un super photographe ...
J'espère que mes successeurs feront mieux que moi ...
La lame, de profil : j'adore ...
Le haut du nez, sur lequel j'ai flashé ! (les possesseurs de Filà me comprendront ...
)
Comparé à un Kabrand, on peut noter l'épaisseur, avec les rondelles : impressionnante ...
Quelques vues générales ...
Alessandro m'a dit : je l'ai testé, il est shave-ready, mais tu peux le préparer comme tu le sens, si ça ne te convient pas.
Mouarffff, si il a rasé de la barbe italienne, il rasera bien de la barbe française, non ?
Petit test sur l'avant-bras, à la volée : ça vole, ça tombe, mais en silence . Pas de "kling", de "schlaak", de 'skriiiich" : vraiment rigide, cette lame ...
Quelques passes sur la Puma verte, juste pour "lire les traces" laissées dans la pâte : nickel, la trace est bien régulière, sans griffure.
Je sors mon strop de chez Chewbacca, et en avant pour quelques passes sur le canevas. Une dizaine, tout au plus.
Sur le cuir, ça glisse tout seul , sans souci, mais sans bruit, également. Ca ne chante pas, ça ne tinte pas, ce qui surprend un peu, pour une lame aussi imposante.
Je vais donc vous donner mes impressions sur mon premier rasage avec ce rasoir : ça risque d'être un peu long, et pas toujours très clair.
Mais ça le sera bien plus si vous jetez un œil à une de mes vidéos : mon "process" n'a pas beaucoup bougé depuis longtemps.
En ce moment, j'utilise le savon Institut Karité, depuis quelques mois, et je n'en vois toujours pas le bout !
Il fait une bonne mousse, et laisse une impression de douceur persistante après le rasage.
Première passe à rebrousse-poil, comme j'en ai l'habitude, en commençant par le cou, à droite.
La prise en main est un peu déroutante, du fait de cette soie carrée, énorme, aux angles vifs, mais on s'y fait vite.
Les poils ne résistent pas : la coupe est franche, mais "sèche" : ce n'est pas -encore- un rasoir doux : il me rappelle mon Kamisori Iwasaki quand je l'ai reçu, neuf .
On sent le potentiel de la lame, mais on se dit qu'il va falloir l'adoucir, sans savoir combien de temps ça va prendre !
Les joues ne posent évidemment pas de problème, ça glisse tout seul.
Pour la moustache, je tire bien la peau, en essayant de rester super léger, en utilisant plutôt la pointe : elle rase super propre, tout en étant, malgré sa taille, super précise.
Sous le menton, je butte, mais comme d'habitude : je pense que ça vient plus de ma gestuelle. Je n'arrive pas à trouver la trajectoire parfaite, ni à tendre comme il faut la peau.
Une fois la bosse du menton passée, ça va mieux : sous la lèvre inférieure, où la peau est très fine, et fragile, la lame glisse sans accroc.
L'autre coté ne pose pas plus de problème, avec un passage plus facile que d'habitude sur certaines parties, comme l'arête de la mâchoire, jusque sous l'oreille.
Finalement, après cette première passe, il ne reste plus grand chose à enlever .
Pas de coupure, pas de point de sang, et le passage du gant de toilette humide ne m' échauffe pas la peau.
Mais bon, ce n'est pas une raison pour se priver d'un deuxième passe, quand même !
Allez, juste pour la route .. enfin non, plutôt pour les finitions.
Je me resavonne, et attaque la deuxième passe, dans le sens du poil. Du haut vers le bas, donc, en commençant par le coté droit.
Sur les joues, il ne reste plus rien, ça glisse tout seul, donc.
Je bifurque sur le cou, dans une trajectoire plutôt oblique, voire tournante, un peu en fauchant.
Bon, finalement, il en restait, des poils, puisque je les vois, maintenant, sur la lame : fauchés nets !
Je me rapproche de la pomme d' Adam, en tirant bien la peau, et en avalant ma salive, pour la faire remonter et les poils qui résistent habituellement sont rasés , sans coupure ni égratignure : je dois tendre la peau plus fort que d'habitude, c'est passé tout seul !
Pour l'autre coté, le gauche, Je remonte le long de l'arête de la mâchoire, vers l'oreille, la lame perpendiculaire à cette arête, puis je tourne à la perpendiculaire, pour passer sous l'oreille, et "faucher" dans le cou.
Cette passe est souvent délicate pour moi : la prise en main n'est pas évidente, et le glissement de la lame sur l'arête est parfois hésitant.
Là, ça passe, la lame ne s'arrête pas, ne "plante" pas, et glisse facilement.
Dans le cou, en oblique, la lame finit de me raser sans problème.
La conclusion, après ce premier rasage, est vraiment positive : ça rase fort, de très près !
Et malgré l'impression de "sécheresse" de la lame, la peau n'est pas agressée.
Une fois l'après-rasage passé sur la peau, elle ne tire pas, et reste super douce.
J'ai vraiment retrouvé les mêmes impressions qu'avec mon Iwasaki. Tiens, un acier moderne, également ...
Sûrement pas une coïncidence .
Mais bon, je sais déjà ce qu'il me reste à faire en attendant le prochain rasage ...