J’ai toujours été sceptique sur l’affirmation de Lanzhu qui expliquait que le Shell
Cordovan n’était pas du cuir mais une partie fibreuse ou une aponévrose. J’avais fais part de mon doute sur ce post
CLIC car je ne voyais pas comment une aponévrose aurait 3 mm d’épaisseur.
Je suis tombé par hasard sur un blog de mode espagnol où il y a un article très intéressant qui éclaire ma lanterne et met fin pour moi au mythe de la partie fibreuse.
CLIC Ils interviewaient Antonio García Enrile de Séville qui a une renommée mondiale comme bottier et qui fabrique des chaussures sur mesure en Shell
Cordovan de chez Horween. Donc je vous ai traduit les parties les plus intéressantes concernant le
Cordovan, je pense que l’on peut faire confiance à un professionnel sur ses affirmations
Premièrement il parle de l’origine.Il explique qu’on peut trouver des informations confuses qui rattachent le
Cordovan avec la tradition du tannage du califat de Cordoue fixant ici son origine. .Techniquement on peut remarquer des différences. Les ”Cordobanes” ont leur origine dans la capitale du Califat Cordoue¸ et sont connues pour être des peaux de chèvres, donc une origine animale différente. Elles sont tannées avec un tanin végétal obtenu du sumac, apportant une grande flexibilité et résistance. Avec différentes techniques cela permet d’obtenir une brillance et une patine inégalée
Par conséquent, les seules similitudes que l'on trouve sont le tannage végétal et la patine obtenu.
Il semble plus raisonnable d'estimer l'origine du
Cordovan vers la fin du XIXe siècle, où la consommation régulière de viande de cheval se propage dans toute la France et que les peaux produites en quantité suffisante intéressent tous les tanneurs européens. Ainsi on commence à tanner des croupes de poulain dans toute l'Europe, ce cuir étant particulièrement apprécié pour sa résistance à l'usure.
Ce sont des tanneurs européens, qui ont émigré en Amérique du Nord qui exportent cette tradition et bientôt découvrent l'application la plus populaire de cette époque qui est une consommation massive comme lanière pour l’affilage des rasoirs.
La fabricationComme expliqué antérieurement le cuir
Cordovan est obtenu à partir de la croupe du cheval, d'où son nom latin “Anca de Potro”. Les parties obtenues en forme de coquille, "Shell" sont d'une assez faible taille, dans certains cas, elles n’atteignent même pas la taille pour obtenir une paire complète de chaussures.
Les peaux de chevaux proviennent principalement de France et du Canada, car dans ces deux pays les chevaux sont abattus pour la consommation humaine et la peau, qui dans ce cas est considéré comme un sous-produit, est vendue par les abattoirs. Le reste de la peau de l'animal est tanné également et se commercialise mais est considéré de qualité inférieur au veau.
Actuellement, la tradition de ce tannage du cuir est réduite à plusieurs régions d'Europe, d'Amérique et au Japon et dans tous les cas, la production est très limitée entrainant un prix toujours élevé. Malgré la demande, la peau de ce type est de plus en plus rare et la production mondiale actuelle est pratiquement la moitié de celle d’il y a peu d'années.
Le plus grand producteur mondial qui est aussi réputé pour maintenir une régularité extraordinaire dans la qualité du cuir, est l'entreprise familiale Horween Leather Co., une société américaine fondée en 1905 à Chicago, Illinois, Etats-Unis, et depuis ses débuts tanne el
Cordovan. A cette époque, comme mentionné, l'utilisation principale était pour affiler les rasoirs où l’exigence de durabilité le rendait unique pour cet usage.
La production du véritable Shell
Cordovan de Horween est très limitée, cette maison a réussi à soigner sa réputation, elle ne vend pas ce produit à ceux qui peuvent se le permettre, sinon à ceux qui peuvent le travailler et augmenter sa valeur. Par conséquent elle ne vend qu’à quelques artisans et maisons prestigieuses.
Sa réputation est telle que c‘est le seul cas dans la maroquinerie où le fabricant du produit final fait apparaître l'emblème de la tannerie à côté de son nom, chose qui se produit dans les chaussures, portefeuilles, ceintures et bracelets de montre de Enrile.
Et voilà une chose très intéressante qu’il dit et que j’apprends.Le
Cordovan contrairement à la grande majorité des peaux se travaille du côté derme, c’est à dire la partie de la peau qui est en contact avec l'animal et qui sera la partie de la peau exposée à la vue et à l'utilisation. Donc, quand nous disons que c’est une peau qui manque de pores, ce n’est pas du tout exact, puisque les pores sont visibles du côté inverse. Nous pouvons trouver quelques pièces réalisées par la fleur, mais ce ne est pas commun ".
Antonio nous parle aussi des soins et de la conservation: Comme peau différente, l'entretien est également différent. Dans ce cas, l'entretien est minime car la peau est riche en huiles intérieures, il n’y a pas besoin d'appliquer des crèmes régulièrement, mais seulement de façon sporadique et avec une crème spécifique. Il nous recommande d'utiliser un chiffon humide et une brosse à poils pour enlever la graisse et lustrer la chaussure.
Les puristes disent que la salive humaine est le meilleur produit pour le
Cordovan.