Bonjour
Une information pour notre ami Imperator : Origines : de l'atelier à la « Grande Maison » horlogère Jaeger Lecoultre
Né à La Golisse, près du lac de Joux dans le Jura suisse, fils aîné d'un forgeron spécialisé dans la petite métallurgie dans l'article Sentier, le Dictionnaire géographique-statistique de la Suisse, édition de 1836, tome II, p. 409 donne déjà : « On y trouve la fabrique de rasoirs de M. J. Lecoultre, rasoirs qui ne cèdent en rien, pour la qualité, à ce qui se fait de mieux et France et en Angleterre ».], Antoine LeCoultre (1801-1881) est initié très tôt au travail du fer. Esprit ingénieux et novateur, passionné par l'horlogerie[2], activité alors en plein développement dans la région, Antoine tente en 1825 de suivre des cours d'horlogerie à Genève, mais sa formation est interrompue par la maladie. Antoine s'associe alors avec son père dans la fabrication de boîtes à musique. Pourtant, en 1833, le fils reprend sa liberté et fonde au Sentier un modeste atelier d'horlogerie.
En 1844, il invente et construit le millionomètre, premier outil pour mesurer le micromètre. Un instrument qu'il ne fera jamais breveter, mais qui servira pendant plus d'un demi-siècle d'étalon pour la manufacture. En 1847, c'est un système de remontoir sans clé (non breveté), qui se répandra dans toute l'industrie horlogère régionale (Un autre système de remontoir, système LeCoultre sera développé en 1861). À Londres, à l'occasion de l'Exposition universelle de 1851, Antoine LeCoultre obtient une médaille d'or. Cette première reconnaissance internationale est un tournant dans l'histoire horlogère et marque l'apparition d'un concurrent sérieux de l'horlogerie anglaise (considérée à l'époque comme la plus performante)[3].
La gestion financière n'était pas à la hauteur de ses talents créatifs, Antoine LeCoultre frôle la faillite. En 1858, une épidémie de vérole emporte une partie de ses ouvriers. Au bord de la banqueroute, il trouve cependant un appui auprès d'un proche, la raison sociale devient LeCoultre, Borgeaud & Cie. Fabrique d'horlogerie en blanc[4].
En 1866, son fils, Élie transforme et modernise l'atelier (apparition des premières machines, réunion de tous les métiers horlogers sous un même toit, normes qualitatives de production, etc.). LeCoultre, Borgeaud & Cie devient alors la première manufacture horlogère de la vallée de Joux[5]. Mais l'industrialisation du travail horloger ne se fait pas sans heurts et les résistances au changement sont nombreuses (établissage).
La décision de mécaniser en partie la production porte ses fruits : la manufacture peut rapidement produire des mouvements de haute tenue, en particulier des complications, ce qui ouvrira le marché rémunérateur du luxe. Entre 1860 et 1890, la manufacture développe ainsi plus de 350 calibres, dont plus de la moitié sont des complications.
En 1877, Antoine LeCoultre et Auguste Borgeaud se retirent. L'entreprise est reprise pas les trois fils d'Antoine LeCoultre et renommée LeCoultre & Cie. Pendant longtemps cependant, le nom de Lecoultre reste peu connu en dehors de la Vallée : LeCoultre est d'abord un constructeur de mouvements apprécié. En 1888, la manufacture est recensée comme l'entreprise industrielle la plus importante de la région : elle occupe alors 480 ouvriers, dont la moitié dans ses locaux (« la Grande Maison »). À partir des années 1890, la société commence à livrer sa production aux plus prestigieuses firmes du luxe.