Petit retour d'expérience après un peu plus de deux mois (seulement ?), qui sert aussi d'hommage aux membres actifs du forum.
Au premier jour... j'ai oublié de noter la date !
Pas de rasiversaire pour moi, donc, mais j'évalue ma première fois au début d'août 2017, période de ma tentative de bouc.
C'est parfait de commencer pendant ses vacances :
- le rasage quotidien n'est pas obligatoire ;
- on peut prendre son temps sans se lever à 5h, voire se raser le soir après une bonne douche ;
- on apprend dès le début à transporter son matériel (je suis professionnellement fréquemment en déplacement : c’était un critère incontournable) ;
- on apprend dès le début à changer d'environnement et à s'y adapter (même chose : les salles de bain d'hôtels peuvent être radicalement différentes les unes des autres) ;
- bien rasé, mal rasé, rasé de travers, coupé, écorché : ça n'a pas d'importance. Seuls les amis ou les étrangers peuvent vous voir... c'est pas comme si c'étaient les collègues !
Et on peut même profiter des lieux touristiques pour visiter de belles coutelleries artisanales, et se faire envie, en se disant "celui-là, je l'aurai un jour... je l'aurai" !
Un peu plus de deux mois de rasage quotidien au CC, donc.
Les premiers jours, on cherche la bonne main.
Les jours suivants, on rajoute la recherche du sens de chaque passe.
Plus tard, on rajoute la recherche de la bonne mousse, et de la bonne quantité d'eau, et encore : je me suis facilité la tâche en commençant avec de la crème...
A la fin de mes vacances, j'étais prêt pour reprendre le boulot en continuant le rasage au CC. Prévoir de se lever une bonne 1/2 heure plus tôt, et se presser un peu sur les autres activités matinales (petit dèj., douche). Le rasage me prenait environ 40' dans les bons jours... (moins d'1/2 heure aujourd'hui, cuir compris)
Et chaque jour, après chaque rasage, la même rengaine : "cette fois ça y est, j'ai pris le coup !"
Et le lendemain, on évolue encore :
- une nouvelle position du visage : "cette fois ça y est, j'ai pris le coup !",
- une nouvelle position de la main qui tend la peau : "cette fois ça y est, j'ai pris le coup !",
- une modification de l'ordre de rasage : "cette fois ça y est, j'ai pris le coup !",
etc, etc, etc !!!
Et en parallèle : le cuir (paddle pour l'instant).
Le bon moment, le bon mouvement, la bonne vitesse, le bon nombre de passes... (cette fois ça y est, j'ai pris le coup !)
Et pendant tout ce temps : le 3C et ses "permanents". Ce groupe de fadas passionnés, toujours experts, patients, pédagogues, extrémistes (un peu !) parfois.
Il faut apprendre à les lire, apprendre à prendre ce qui nous correspond, et à laisser de côté ce qui nous semble "trop", apprendre à relativiser certaines obsessions de certains, qui pourraient, au demeurant, être utiles à un autre que moi.
Merci Messieurs, de votre temps, de votre engagement, de l'amitié qui vous lie et qui vous retient, et au nom des nouveaux que nous avons tous été : merci de vos réponses à toutes nos questions, y compris les plus débiles...
J'en ai appris, des choses, et j'en apprends encore ; à ce point que j’ai l'impression que je n’aurai jamais vraiment fini, que je ne saurai jamais vraiment tout sur le rasage traditionnel… contrairement au Smiurph…
Voilà donc, pour les nouveaux nouveaux (parce que je suis loin d’être un ancien), ce que j’ai retenu pour moi :
1) Il faut prendre son temps.
On ne se précipite pas sur le premier TI qui passe à 250€, sous prétexte qu’il est beau et que ce type de rasage nous plaît. Il y a des contraintes à se raser au cc, il faut se donner le temps de voir si on va les supporter longtemps...
On n’achète pas son premier strop à Chewbacca. Taillader un cuir de cette qualité et de cette facture, c’est du gâchis pour tout le monde. Perso, ça sera mon cadeau de Noël (chut : Chewbacca n’est pas encore au courant !)
Donc, on cherche l’occasion, tant qu’à faire, issue du 3C, parce qu’on est sûr de pouvoir se raser avec.
Les membres du forum surfent beaucoup sur la baie, perso, j’ai trouvé tous mes trésors sur LBC. Dans les deux cas, ils ne sont pas forcément SR, mais on peut passer par les dévoués du forum pour les préparer (ou certains couteliers, quand les voisins du 3C sont trop loins).
2) la mousse, c’est très important
En premier lieu, elle doit être facile à monter, bien glisser, et convenir à sa peau.
Pour moi, ça a été sans aucun doute le plus gros obstacle quand j’ai commencé à vouloir passer à autre chose que ma crème Eau Thermale.
Donc au début : crème. Point final.
Et surtout : bon marché ! Pour ne pas hésiter à en re-monter à chaque passe, pour ne pas hésiter à en mettre une bonne quantité, ou à en rajouter en cours de route (quand on a mis trop d’eau).
Le célèbre PRORASO, monté directement sur le savon, ça fonctionne aussi très bien.
Plus tard, on peut passer à autre chose de plus sérieux, mais attention : prévoyez du temps… il m’est arrivé, certains matins, de remonter trois fois une mousse… Et avec un savon, c’est très pénible ! (j'ai encore du mal avec ma Truefit & Hill).
Je suis encore très méfiant sur les savons “haut de gamme” : Je n’imagine pas que l'acheteur puisse dire du mal d’un savon qu’il a payé 70 € les 150 ml… (c’est pas le prix du plus cher de mes rasoirs…). Ces savons sont donc forcément “Le-meilleur-que-j'ai-jamais-eu”...
Les coiffeurs re-deviennent de plus en plus des barbiers, et même s’ils sont orientés DE, ils vendent des savons sympa à des tarifs accessibles. On peut toucher et sentir avant d'acheter, contrairement aux achats en ligne.
3) le SR, c’est subjectif
Très impatient, je me suis rasé plusieurs fois avant de me soucier de savoir si mon premier rasoir était SR ou pas...
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est possible qu’un rasoir, même neuf, ou même “très tranchant”, puisse ne pas être suffisamment affûté/affilé pour raser.
Si votre rasoir vous rase sans accrocher et sans vous cramer pas la gu****, inutile de chercher à faire mieux : si vous n’êtes pas un spécialiste, vous risquez seulement de faire pire…
En lisant beaucoup le forum, vous trouverez même des comparatifs entre les SR de différents membres ! Cela n’a pas de sens : n’oubliez pas qu’un “ressenti” dépend avant tout de la personne qui ressent ! Et que le SR dépend autant de l’affilage que des caractéristiques de la lame.
Personnellement, j’ai de la chance : bien qu’ayant une barbe assez dure, j’ai semble-t-il un peau assez solide, ou en tout cas peu sensible. Jamais de feu, jamais d’AS, juste une bonne hydratation le matin (après le rasage) et le soir après le dîner.
Quant au test du cheveux : aucun de mes rasoirs ne le passe… Je dois avoir des cheveux en fibre de carbonne…
4) un rasoir doux ne rase pas de près...
Je ne sais pas qui a dit ça au détour d’un échange sur la douceur des rasoirs (ou peut-être bien dans le fil comparant les préparations de plusieurs membres).
Je n’en suis pas encore très sûr, et je n’ai pas beaucoup d’expérience, mais j’ai deux rasoirs SR. Un très doux (RO Delorme) et l’autre plus rèche (Pinguin). Je suis indéniablement mieux rasé avec le second qu’avec le premier. En fin de journée, la différence est flagrante.
Mais quelle douceur, ce RO Delorme !
Du coup je l’utilise pour reposer ma peau, une fois sur deux (et ça fait une rotation !). De toutes façon, c’est toujours mieux qu’avec mon électrique...
5) la rasoir et le raseur évoluent… jusqu’à quand?
Le rasoir évolue à force de passer au cuir, et sans doute aussi, de passer au poil. Le raseur évolue avec son rasoir, parce qu’il s’en sert de mieux en mieux, et qu’il monte sa mousse de mieux en mieux. Deux mois plus tard, je commence à aboutir quotidiennement à un résultat relativement “stabilisé”, pas loin du BBS.
Mais il me reste la troisième passe à apprendre !
Mon Pinguin me faisait une impression mitigée, au début. Du coup, je me suis imposé de n’utiliser que lui pendant 15 jours, pour vois si je m’y faisait. Pari gagné, je l’apprécie aujourd’hui autant que mon RO Delorme, et je le maîtrise très aisément.
à contrario, j’ai aussi un “solingen” auquel je n’arrive pas à me faire… Je ne crois pas que ça soit un problème de SR, mais on ne sait jamais : peut-être fera-t-il un séjour chez Tcharpé, un jour…
En rasage traditionnel, donc, la persévérance, ça paye : tant que le rasoir rase, persévérez ! ça ira forcément de mieux en mieux.
Voilà. ça faisait un petit moment que je voulais faire un bilan de mon expérience et de mon évolution. C’est un peu un hommage aux “grands” de ce forum, qui encouragent sans cesse, toujours avec une grande diplomatie, et un grand respect les uns envers les autres.
Le tout sans langue de bois, et dans un français exceptionnels sur le net.
Aujourd'hui mon rasage est entré dans mes mœurs, et j'ai l'impression de n'avoir connu que ce type de rasage. C'est en rédigeant cet article que je me suis rendu compte que je n'avais sans doute pas encore 100 rasages au compteur... Et pourtant, j'ai l'impression d'avoir tellement appris, et qu'il me reste tellement à apprendre !
Il me reste une question, à laquelle je doute pouvoir avoir une réponse : je serais juste curieux de savoir, parmi les 7739 inscrits, combien se rasent encore, aujourd’hui, au cc...